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5 octobre 2009 1 05 /10 /octobre /2009 19:06
l                                                                           Les citoyens mettent leur cachet sur La Poste
Démocratie . Deux millions de personnes ont participé à la « votation » sur l’avenir du service public postal. Mis dans l’embarras, le gouvernement peut-il ne pas geler son projet de privatisation ?

C’est une vague. Une déferlante. Un tsunami. En participant massivement, samedi, à la consultation sur l’avenir de La Poste, plus de 2 millions de citoyens ont transformé cette « votation », à l’initiative d’un collectif extrêmement large d’organisations politiques, syndicales et associatives, en plébiscite triomphal pour un service plus public que jamais et en mouvement social contre un gouvernement qui refuse, jusqu’ici, d’organiser un véritable référendum sur le sujet. Du pays tout entier, remontent, au-delà des résultats encore partiels (les chiffres définitifs ne seront communiqués que ce lundi midi), mille et un témoignages de cette aventure inédite, un grand exercice de démocratie directe, à la fois bricolé avec les moyens du bord et on ne peut plus - sérieux.

La mobilisation au-delà des espérances

Malgré quelques tracasseries administratives, çà et là, dues au zèle des préfets ou des forces de l’ordre (recours contre l’organisation de ce - référendum « sauvage », contrôle d’identité des organisateurs locaux, etc.), la population s’est beaucoup exprimée dans les zones rurales et dans les quartiers populaires, où les bureaux de poste tiennent souvent une place déterminante pour contrer les menaces de désertification ou de relégation.

« Dans tel petit hameau du Gers, sur les 61 habitants, il y en a 43 qui ont participé à la votation sur La Poste, raconte-t-on au Comité national contre la privatisation de La Poste. Là-bas, les gens sont plus allés voter qu’aux dernières européennes. » À Mezel, dans les Alpes-de-Haute-Provence, 232 personnes, sur 600 habitants au total, ont glissé un bulletin dans l’urne posée devant la boulangerie du village. Devant le bureau de poste Émile-Dolet, dans le 20e arrondissement de Paris, les scrutateurs attendaient 500 votants au total et samedi, à la mi-journée, plus de 1 500 personnes avaient déjà participé… À Nice, dont le maire n’est autre que l’inénarrable Christian Estrosi, le ministre de l’Industrie en charge de La Poste au sein du gouvernement, plus de 13 000 citoyens se sont déplacés pour contester la perspective du changement de statut. Même topo à l’échelle des départements (lire aussi ci-dessous), où les résultats sont deux, et parfois même quatre fois supérieurs aux attentes des organisateurs du référendum : dans les Bouches-du-Rhône, on en espérait 50 000, on

en obtient 110 000 ; dans la Manche, on tablait sur 8 000 votants et ils sont 16 346 ; dans l’Hérault, modestes au départ (15 000 participants escomptés), les militants ont été submergés au - final (60 000 votes)… En revanche, les résultats proprement dits de la consultation risquent, eux, d’être sans surprise car, à chaque dépouillement, le « non » au changement de statut de La Poste écrase littéralement le « oui ». Au total, l’opposition à la - privatisation rampante de La Poste pourrait tourner autour des 97-98 %.

Et un camouflet pour le gouvernement

À la mairie du 2e arrondissement de Paris, devenue, durant tout le week-end, le quartier général du Comité national, où une trentaine de bénévoles ont centralisé et, parfois, dépouillé les bulletins (comme ceux récoltés lors de la Fête de l’Humanité), la - satisfaction est totale. Aussi grande que l’embarras, désormais, dans le camp du gouvernement. Côté UMP, les tentatives de minimiser ou de discréditer par avance le résultat et la participation de cette « votation citoyenne », mi-pétition gigantesque, mi-référendum interdit, finissent par ressembler à ce qu’elles sont : de pathétiques manoeuvres de contournement démocratique ! « On n’a jamais vu de mobilisation de cette ampleur, se félicite Colette Duynslaeger, secrétaire générale de la CGT-FAPT. Le gouvernement est parfaitement isolé : il a l’ensemble des organisations syndicales contre le changement de statut, les postiers sont fortement mobilisés et maintenant, la population vient fermement exiger la tenue d’un référendum sur cet enjeu décisif pour toute la société. » Pour Nicolas Galepides, syndicaliste SUD PTT et coordinateur du Comité national contre la privatisation, le gouvernement « doit geler son projet » : « On n’est pas face à un mouvement d’humeur, c’est très profond ce qui se passe autour de l’avenir de La Poste, estime-t-il. À l’évidence, le président de la République et son gouvernement ne peuvent pas ne pas réagir aujourd’hui. Il faut tout arrêter et organiser un grand débat sur ce qu’on veut faire du service public. » Alors que le projet de loi n’est toujours pas inscrit au calendrier de l’Assemblée nationale, les deux millions de participants à la votation citoyenne viennent, chacun d’entre eux, de planter un petit bâton dans la roue du gouvernement…

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